Sabato, 04 Novembre 2017 09:20

La révolution d'Octobre et son «heritage» ecclesial (Vladimir Zielinsky)

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La situation de nos jours est fort différente. L’Etat et l’Eglise vont main dans la main ; il y a des milliers d' églises à peine construites ou en construction ; les évêques sont les meilleurs amis des autorités locales, les prêtres donnent des bénédictions aux banques et aux missiles balistiques...

Le centenaire de la Révolution d’octobre coïncide presque jour pour jour avec celui d'un autre évènement qui n’est connu aujourd’hui que des spécialistes : le Grand Concile de Moscou de l’Eglise russe. Сes deux conséquences de la Révolution de février, dite démocratique, d’une portée incomparable, ont en un certain sens un statut semblable : l’oubli un peu forcé. Certes, on ne peut pas oublier la Révolution qui a renversé l’empire russe en changeant le visage de la planète, mais pour la Russie officielle d'aujourd'hui, très patriotique, orgueilleuse de sa force, comme aussi pour celle qui s’oppose à elle farouchement - les nostalgiques de l’URSS mis à part - cette ère nouvelle qui s‘est annoncée en 1917 était… une catastrophe. Mais pour des raisons opposées : dans un cas il s’agit de la destruction d'un Etat puissant, devenu un mythe, dans l'autre, de la naissance d’un monstre sanglant. Sanglant surtout pour tous les croyants, l’orthodoxie en premier lieu, vue comme complice de l’ancien régime. Il faut toujours rappeler son martyre : des centaines de milliers de vies humaines, des dizaines de milliers d’églises détruites ou profanées.

Aux victimes « physiques » il faut ajouter les autres : le prix moral que l’Eglise a dû payer pour sa survie, et l’oubli du Concile de 1917. En effet, comment pouvait-on survivre au sein d'un Etat programmé dès le début en vue de la mort violente de toute religion ? En théorie cette mort prévue aurait dû être naturelle, car selon la doctrine marxiste la religion devrait s’éteindre par elle-même avec la disparition des conditions sociales qui la maintenaient en vie. Mais qui aura la patience d’attendre cette mort trop tardive si l’ennemie est déjà condamnée ? L’Eglise avait à faire un choix difficile et net : « s’inscrire » complètement dans cet Etat pour avoir un peu de sursis, ou descendre dans les catacombes. Déchirée par un schisme interne (un fort mouvement de soi-disant « rénovateurs » soutenus par la police secrète, qui voulaient l’imposer comme l’unique forme de l’orthodoxie), l’Eglise traditionnelle, représentée par son chef, le métropolite Serge (déjà arrêté trois fois auparavant) a décidé de collaborer, d'accepter son esclavage à l’égard du régime. Mais de rester en vie quand même. Ainsi est née la fameuse Déclaration de 1927 avec ses promesses de loyauté inconditionnelle de l’Eglise du Christ à l’égard de l’Etat déicide et cette démarche se trouve aujourd’hui, 90 ans plus tard, au centre de discussions ecclésiales passionnées.

Le choix du métropolite Serge était-il juste ? Oui, absolument, affirme le patriarche Kirill : la Déclaration a sauvé l’Eglise de l’élimination complète. Non, disent les opposants, la persécution de l’Eglise allait encore plus loin dans les années 30. Si Staline a changé sa politique religieuse en 1943, cela s’est passé grâce à des facteurs uniquement politiques (Hitler a donné la permission d’ouvrir des églises dans les territoires occupés, les Allées ont manifesté leur préoccupation pour le sort des croyants en URSS). Non, ce n’est pas le mensonge, mais le sang des martyrs qui a sauvé l’Eglise. On en a presque fini avec la Révolution d’Octobre, mais on reste et on restera encore longtemps confronté à son soi-disant « héritage » ecclésial qui demeure comme un signe de contradiction.

90 ans sont passés, tant de martyrs (mais pas tous) sont canonisés, y compris ceux qui étaient des opposants convaincus à la Déclaration. Le message de celle-ci à l’époque était la dissolution politique et morale de l’Eglise dans l’Etat pour sauvegarder son espace sacramentel. La situation de nos jours est fort différente. L’Etat et l’Eglise vont main dans la main ; il y a des milliers d'églises à peine construites ou en construction ; les évêques sont les meilleurs amis des autorités locales, les prêtres donnent des bénédictions aux banques et aux missiles balistiques. Il est clair que les valeurs de l’Eglise et de l’Etat s’entremêlent pour aller dans le même sens. Or, cette « identité commune », prédéterminée par l’esprit de la Déclaration de 1927, au début très dure à supporter, aujourd’hui très douce à vivre, ne peut être infinie. Un jour l’Eglise russe devra prendre un virage de principe : de la Déclaration 1927 à ce Concile oublié de 1917-18 avec son choix de l’indépendance, de l'élection des évêques et des droits très élargis des conseils paroissiaux, avec son ouverture au dialogue et la dignité retrouvée de l’Eglise du Christ.

Vladimir Zielinsky

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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