Domenica, 15 Novembre 2015 20:38

Intolerance, fanatisme, fondamentalisme (Luis Miguel Modino)

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Congrès de Belo Horizonte (Brésil) 26 octobre 2015. Sur le thème « Le facteur religieux dans le climat actuel marque par des conflicts », le théologien Brésilien Leonardo Boff inaugurait la première journée du Congrès. On lira ci-après un aperçu des grandes lignes de sa conférence.

Leonardo Boff part du fait que la religion et la théologie progressent : elles mobilisent en effet beaucoup de personnes et sont la cause de nombreuses guerres, en particulier dans le monde musulman.
A la suite de Samuel Huntington il affirme que dans le monde moderne la religion est peut-être la force centrale et que par conséquent ce qui compte pour les personnes ne sont pas les idées politiques ou l’intérêt économique, mais les convictions religieuses pour lesquelles elles combattent et sont prêtes à donner leur vie. Les pays occidentaux voient le religieux comme une chose passée de mode, comme l’affaire de ceux qui ne pensent pas encore ou ont cessé de penser (enfants et personnes âgées). Face à cela, pour l’Islam, le religieux va de pair avec le politique.
Boff souligne qu’au cœur des religions existe en puissance la maladie du fondamentalisme, phénomène apparu aux Etats Unis au sein du christianisme protestant conservateur il y a un siècle, qui prétendait maintenir la foi originelle des fondateurs à partir de la lecture littérale de la Bible.
Cela s’est étendu à d’autres religions dont l’Eglise catholique qui en est venue à affirmer qu’en dehors d’elle il n’y a pas de salut et qu’elle est la seule dans ce cas, les autres ne disposant que de certains éléments ecclésiaux. Se croire les détenteurs uniques de la vérité condamne au fondamentalisme et à l’intolérance, ma doctrine et ma vérité étant entendues comme les seules vraies.
Or le fondamentalisme n’affecte pas seulement la dimension religieuse, mais la dimension sociale et économique se manifestant dans la macroéconomie capitaliste et le neo libéralisme qui prétendent imposer cette formule à tous. D’où l’idée soutenue à partir du Pentagone que le monde est un empire. Face à cela le pape François défend l’idée que le monde est la maison de tous.
Il affirme aussi qu’un autre genre de fondamentalisme est l’arrogante culture occidentale se croyant supérieure aux autres, et qui est la cause de beaucoup des conflits d’aujourd’hui dans le monde comme conséquence de la volonté de l’imposer partout.
Il est nécessaire de remettre en vigueur et de structurer d’autres formes de savoir, au-delà du savoir scientifique, car tout savoir est une fenêtre sur la réalité, une chose dont nous ignorons ce qu’elle est. Retrouver ces savoirs enrichit notre lecture de la réalité et voilà pourquoi il est urgent de remettre en usage la raison cordiale, sensible, au-delà de la raison intellectuelle, un aspect que le pape François reprend dans sa dernière encyclique.
Leonardo Boff nous fait comprendre que ce ne sont pas les religions, mais nous-mêmes qui sommes fondamentalistes sans vouloir nous en rendre compte, que nous ne pouvons imposer notre façon de penser la société, de vénérer Dieu, comme la seule légitime. Il rappelle ces mots du poète Antonio Machado : « Ta vérité ? non. La vérité : et viens avec moi à sa recherche. La tienne, tu te la gardes. » La vérité n’est pas la possession de tel ou tel.
Un autre aspect important abordé est celui du terrorisme, qui veut occuper l’esprit des gens et les maintenir prisonniers de la terreur en les obligeant à la méfiance. Ce terrorisme est le fruit d’une amertume séculaire et d’une humiliation historique contre les musulmans.
Leonardo Boff défend le rôle des religions comme sauvegarde, quelque chose qui mette en marche l’esprit des gens. A partir des idées de Edward Wilson, il considère nécessaire une alliance entre la technoscience et les religions si nous voulons sauver la vie de la terre. La science doit dire aux religions qu’elles doivent cesser d’être fondamentalistes et découvrir la valeur sacrée de chaque être créé, et la religion doit dire à la science qu’elle ne peut être une science sans conscience, qu’elle n’est pas faite pour servir le marché mais la vie, en vue d’améliorer celle-ci..
Pour finir il se pose la question de savoir quelle sera la prochaine étape. Et de pointer deux options, l’une qui conduit à une tragédie sans recours, et l’autre montrant que nous sommes au coeur d’une grave crise de civilisation, mais qui peut être purificatrice et aura pour conséquence la naissance de quelque chose de nouveau. Il croit en cette seconde option, porté par l’espérance en ce que dit le pape, que Dieu est amoureux de la vie et ne permettra pas que la vie disparaisse.
C’est pourquoi la prochaine étape sera la découverte du capital spirituel des êtres humains. Nous avons exploité tout le capital matériel et en fonction de l’enrichissement nous avons mis en crise tout ce qui existe. Ce capital spirituel est infini, car ni l’amour, ni la spiritualité, ni l’art, ni la communication, ni le pardon, ni la fraternité, ni le vivre ensemble n’ont de limite. Et cela va rendre possible une terre de la bonne espérance, de la biocivilisation, dont l’axe structurant soit LA VIE.
A partir de ces réflexions devrait se construire cette Eglise qui chemine avec l’esprit et à partir des pauvres. Tout dépend de l’analyse de la réalité que l’on fait et des attitudes qui en découlent.

Luis Miguel Modino

paru dans « Religion numérique »

Traduction Maurice Audibert

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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