La vie et les vivants
Denis Vasse
Si vous refusez d'être parmi vos frères perdus, d'être incarné comme eux, d'être exposé aux mêmes périls, aux mêmes pièges, aux mêmes trahisons, aux mêmes désespoirs, - si vous refusez d'être dans le lieu même qui a été touché par le péché - , vous n'êtes pas à la suite de Jésus-Christ qui a été envoyé à cet endroit par le Père. Mais par contre si au cœur du monde, dans le désastre apocalyptique que produit le péché, coupant complètement l'homme de ce qui fait vivre la chair, l'esprit se révèle en Jésus Christ le juste parmi les pécheurs, cela change tout. Alors la mort n'a plus de prise, ou pour mieux dire, la vie se donne en la chair incapable de la recevoir, et la refusant même. Dans les ténèbres de la mort apparaît la lumière de la vie. L'aurore vient dans la mort. Le pécheur avec qui le Fils de Dieu meurt, ressuscite avec lui. Le pardon se contemple comme l'origine: dans ses effets, ceux de la vie gracieusement reçue dès l'origine, dès avant le commencement du temps, et redonnée au vivant qui, au cours du temps, l'avait perdue. Au cœur du temps qui passe, le pardon témoigne d'une origine qui ne passe pas. Il témoigne du don sans condition d'une Vie qui s'incarne gratuitement en ceux qui la reçoivent, et qui, fussent-ils morts à la Vie et perdus dans le monde, ne la refusent pas. Non seulement une telle Vie est éternelle, elle est de Dieu, mais elle est la Vie de notre chair, celle du Fils bien-aimé.